Théories et modèles (Les grandes théories : l’interactionnisme symbolique) dimanche, Déc 13 2009 

GCO-1001

L’INTERACTIONNISME SYMBOLIQUE DE G.H. MEAD

1- Modèle de l’interactionnisme symbolique:

 

1.1 Problématiques

  • Veut expliquer la constitution de la société/communauté et de l’individu ainsi que la dynamique individu – société.
  • Il faut pour ce faire établir un rapport entre la signification (meaning), le langage et la pensée (théorie interprétative).
  • C’est à partir de ce rapport qu’il sera possible par la suite d’expliciter le rapport entre l’individu (soi) et la société (l’autre généralisé).
  • C’est donc une théorie qui convie la totalité des niveaux ou des contextes que nous abordons dans le cours.

1.2 La structure

  • L’interactionnisme symbolique retient 5 éléments ou idées principales :
  1. La signification,
  2. Le langage (source de la signification),
  3. La pensée (processus d’interprétation),
  4. Le soi et,
  5. La communauté.
  • Pour répondre à la question de savoir comment se constitue (naît/émerge) la société et l’individu G.M. Mead a donc recours aux concepts de :

1.2.1 La signification

1- C’est un processus de création de la réalité,

2- Et qui consiste à définir/étiqueter /nommer une situation.

3- À partir d’un code (répertoire de signes et leurs règles de correspondance entre messages internes et signaux externes) partagé. Le code permet d’assigner une valeur à un signe conventionnel (le symbole).

4- Les gens agissent les uns sur les autres en fonction de la signification qu’ils ont de chacun.

  • Une société est une réalité (de même que l’est l’individu).
  • Le code, en tant qu’instrument partagé, est un indicateur de la socialité puisqu’il permet le rapport social.

1.2.2 Le langage

1- C’est l’usage de la parole pour négocier la signification qui ressort d’un code.

2- C’est l’usage des symboles (signes conventionnels) dans l’interaction qui permet de négocier la signification/dénotation (sens objectif) et aboutir à un sens intersubjectif ou partagé.

  • La signification n’est donc pas dans les objets que les symboles ou les signes réfèrent (puisqu’il n’y a pas de lien logique entre le signe et son référent dans le réel); il n’y a qu’un lien arbitraire : il n’y a rien de beau (de plaisant, intéressant, …) dans le mot/nom « beau ».

3- L’usage de la parole = interactionnisme symbolique puisqu’il s’agit de l’utilisation de signes ou de symboles quand nous interagissons avec les autres.

4- La signification est donc le produit de l’interaction symbolique (c’est-à-dire, la parole ou le discours en tant qu’échange d’énoncés).

5- Processus où, par la parole, nous nommons, assertons, déclarons, exprimons des choses.

  • Dire ou nommer constitue la base de la société humaine, sans cette capacité, il n’y aurait pas de société.
  • La connaissance est fonction de la capacité à nommer. Les frontières de l’ignorance reculent à mesure que nous savons identifier des choses /des émotions, …
  • L’intelligence humaine est la capacité à identifier symboliquement les objets de notre environnement (et de s’y adapter)

6- Un symbole pour Mead est plus qu’un signe arbitraire, c’est un stimulus (quelque chose qui nous fait réagir) qui a une signification et une valeur apprise. Le code permet d’attribuer une valeur.

7- Les symboles significatifs sont donc des stimuli qui provoquent les mêmes réactions (ont les mêmes significations) dans un groupe d’individus lorsqu’on les évoque.

  • Exemple du père et du fils accidenté par un train et que le docteur refuse de soigner parce que c’est son fils (aussi).

1.2.3 La pensée

1- Penser c’est avoir une conversation avec soi-même.

2- C’est pourquoi, réfléchir implique l’utilisation de symboles; et cette interaction symbolique n’est possible qu’avec d’autres (l’autre généralisé?).

  • Qui du langage et de la pensée vient en premier? (les symboles nécessaires à la pensée sont appropriés dans l’interaction d’abord). Quid alors du Cogito Ergo Sum?

3- Dans la conversation avec l’autre (pensée réflexive), nous nous mettons à la place de l’autre (jeu de rôle), nous nous identifions à l’autre momentanément pour imaginer comment nous réagirions si nous étions dans ses souliers.

1.2.4 Le soi

1- Est le reflet de nous même quand nous pensons, c’est-à-dire quand nous nous regardons à travers les yeux de l’autre. Il n’y a de soi que par rapport à l’autre.

2- La conséquence, c’est que le soi est défini dans la relation, i.e. l’interaction symbolique.

  • Comme la relation peut changer, ainsi en sera-t-il du soi.

3- C’est dans la communauté (interaction symbolique/discours) que le soi émerge.

4- Le soi peut donc changer en fonction de la communauté qui le parle. Voilà pourquoi nous pouvons dire que nous avons plusieurs identités qui dépendent de la communauté dans laquelle nous sommes (à la maison, je suis Papa/dans les enceintes de l’université, je suis Prof /dans une entreprise, je suis consultant/chez mes parents, je suis enfant/avec mon épouse, je suis époux, …) et qui s’accompagnent de leurs attentes.

  • La conscience de soi VS « Je pense donc je suis » précède-t-elle la parole? (Non parce qu’il faut converser avec l’autre pour savoir qui on est).

5- Le soi est en réalité composé du « je » (l’aspect créatif, désorganisé, spontané du soi) et du « moi » (l’aspect objectif du soi fournit par le regard des autres significatif).

  • Les gens se plaignent souvent : « Let me berme » i.e. ne me forcez pas à me conformer à votre regard, je veux me laisser aller…
  • Confondre le je et le moi est un problème, car :

a)On a plus de personnalité ou,

b)On est invivable/inflexible parce que c’est toujours « je », « je »…

1.2.5 La communauté

1- Ce sont les personnes significatives (avec qui on interagit souvent) et qui forment notre « moi ».

2- Comme ils sont importants pour mon « moi » (car ils déterminent le « soi »), si je veux survivre au milieu d’eux, je dois savoir ce qu’ils attendent de moi, leurs actions et leurs significations (pour me retrouver au milieu d’eux).

3- L’ensemble des informations concernant des actions, des significations et des attentes des autres significatifs est l’autre généralisé.

4- L’autre généralisé est le standard/le repère ou la référence face à laquelle je calibre et évalue mon comportement. C’est ce qui s’appelle l’alignement des comportements.

1.3 Thèse et hypothèses

1- La société (comme l’individu) est une réalité qui émerge de la négociation (interaction symbolique entre groupes/individus) des significations des identités (qui es-tu/êtes-vous) et des définitions de la situation.

2- Le code partagé (qui permet d’avoir une signification ou sens objectif) est un indicateur de la socialité puisqu’il permet le lien ou le rapport social.

3- La signification n’est pas dans l’objet référé par le signe (puisqu’entre le signe et le référent, il y a un lien arbitraire/conventionnel) i.e. pas logique ((un symbole). [Elle n’est pas dans le signe non plus; elle est dans la négociation et produit de l’interprétation (compréhension) ou sens subjectif]. Interpréter, c’est parler à soi-même de choses censées pour ensuite sélectionner, modifier et évaluer la signification en fonction du contexte.

4- Nommer ou dire constitue la base de la société, car, c’est en nommant que la négociation des significations s’enclenche (interaction symbolique) autour des identités et de la définition de la situation. Ce processus de communication et son résultat est justement la société/communauté.

5- La connaissance est fonction de la capacité à nommer/dire /communiquer [quand nous nommons les choses, nous les définissons en leur donnant une signification et elles cessent d’être mystiques ou étranges pour moi].

6- L’intelligence humaine est la capacité d’identifier symboliquement les objets/situations de notre environnement.

7- Le soi est fonction de la relation (interaction symbolique/usage de la parole).

8- Le sens est créé dans l’interaction entre les gens. Il n’est pas dans l’objet, ni dans le sujet. Il est intersubjectif. Le sens est un produit social.

1.4 Épistémologie et ontologie

Principes et processus de l’interaction sociale (Interaction sociale, non-verbal et métacommunication) dimanche, Déc 6 2009 

GSO-1003-00

INTERACTION SOCIALE

1- L’interaction sociale

1.1 Watzlawick : Les 3 principes fondamentaux de la communication

  • La communication est un processus continu : on ne peut pas ne pas communiquer
  • La communication est un partage de significations : on ne communique pas seulement par les mots, mais aussi par des attitudes
  • La communication est prévisible : parce que l’on fonctionne selon les normes de la société, ça prend un cadre

1.2 Les axiômes de la communication

  • (Yves Winkin) Nous ne pouvons pas ne pas communiquer :

-Un silence éloquent, ne pas parler lorsqu’on le devrait peut signifier beaucoup de sous-entendus

-Les gestes parlent également beaucoup

 

  • (Yves Winkin) C’est un processus continu :
  1.  
    1. Métaphore de l’orchestre (sans chef) :

La communication est conçue comme (1) une activité sociale; (2) s’opère selon de multiples modes, verbaux ou non verbaux; (3) l’intentionnalité ne détermine pas la communication; (4) est considérée comme un construit (mental) permettant une étude interdisciplinaire de la dynamique de la vie sociale; (5) un vaste système intergénérationnel (chaque acteur social ayant progressivement appris certains des codes et « programmes » de son groupe, de sa classe, de sa communauté); (6) le communicateur fait nécessairement partie du système qu’il désire analyser.  (comm. criculaire)

         2.    Métaphore du télégraphe :

La communication est conçue comme (1) une activité individuelle (le mécanisme qui la fonde est celui d’une transformation des idées intérieures en des paroles ou images extérieures); (2) une activité verbale (orale ou écrite); (3) une activité rationnelle et volontaire; (4) qui peut être évaluée; (5) une suite de séquences linéaires (émetteur à récepteur).  Le communicateur peut observer en toute indépendance.  Il n’est pas inclus dans le système.  (comm. linéaire)

-La plupart des paradigmes actuels sont basés sur la métaphore de l’orchestre.

-La communication « socialise les surprises ».  Ce qui se passe dans la communication sociale est beaucoup plus un processus de normalisation d’information qu’un processus de transmission.  L’information est normalisée dans les sens où elle est traitée en fonction de significations sociales déjà existantes, couramment acceptées.  C’est ce qui se passe en général lorsque se produit un événement non attendu, ou qui va à l’encontre d’attentes tenues allant de soi.

  • (Yves Winkin) L’intention fonde la communication (1.) alors que l’homme habite la communication (2.) 
  1. Surtout dans la métaphore du télégraphe, on croit que seule l’intention suffit, alors on envoie le message et on n’attend pas de feedback
  2. Surtout dans la métaphore de l’orchestre, parce que la participation prime, on en discute, on intervient, le feedback devient alors très important.
  • (Watzlawick) La communication se fait à deux niveaux : relation et contenu
    1. Relation : c’est ce qui est convenu entre 2 personnes
    2. Contenu : c’est ce qu’on convoque, c’est le message

 

  • La communication s’effectue d’égal à égal (lors de discussion) ou à la verticale (dans le cas des entreprises)

 

  • Elle est transactionnelle, parce que c’est un processus continu

Il existe 2 types de transactions :

  1. symétrique (et/ou asymétrique) : la relation est la même de chaque côté
  2. complémentaire : dans le but de changer les choses

 

1.3 Myers et Myers

  • La communication est un processus prévisible, continu et toujours présent, de partage de significations à travers une interaction de symboles
  • On s’intéresse aux symboles qui sont évoqués (sémiologie), en publicité par exemple

 

1.4 Bateson et le contexte interactionnel

  • Lieu et moment de l’interaction (essentiel parce qu’ils ont un impact direct sur le contexte)
  • Type de transaction en cours (indique l’accord sur la relation)
  • Conjonction des niveaux d’interaction (indique aussi l’accord sur la relation)
  • Partage de significations (système de transactions sociales liées ensemble pour atteindre le consensus)

1.4.1 Bateson et les conventions

  • Une convention est une proposition relationnelle que les acteurs de la relation sont appelés à accepter ou à rejeter

LE NON-VERBAL

2- La communication non-verbale

  • La communication non-verbale regroupe toute forme d’échanges de signes non-linguistiques (gestes, attitudes, sons, odeurs, éléments visuels, etc.)
  • Elle révèle plus d’indices de contenu et de relation que le langage verbal
  • Sa manifestation est plus ou moins consciente
  • Il est impossible de feindre une communication non-verbale

 

2.1 (DeVito) Les fonctions du langage non-verbal

  • Le renforcement 
  • La contradiction
  • La régularisation
  • La substitution (remplacer le verbal)

 

LA MÉTACOMMUNICATION

 3- La métacommunication

  • Elle est l’action partagée par des acteurs autour de la négociation des conventions
  • C’est une communication sur la relation

 

3.1 Selon Bateson:

  • Communication sur la communication, elle est presque toujours présente.  C’est une communication qui se déroule sur une communication mais aussi sur une relation.